L'article présente une analyse des tendances des coûts de la construction en 2024, en mettant en évidence les variations trimestrielles et annuelles. Cette évolution concerne plusieurs aspects clés tels que la location du matériel, la main-d'œuvre et les matériaux de construction.
1. Évolution globale des coûts de construction de la construction en 2024
En glissement annuel, l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) souligne une faible augmentation du coût global de la construction de +0,2%. Toutefois, en cumul sur les douze mois de 2024, les prix moyens enregistrent une baisse de 0,9% par rapport à 2023. Cette stagnation globale masque des fluctuations notables au sein des différents postes de dépenses du secteur.
2. Hausse des coûts de location du matériel
Le coût de la location du matériel a connu une augmentation de 2,0% au cours du quatrième trimestre 2024, notamment en raison de la hausse des prix des chevrons en bois (+5,7%), des consoles métalliques (+4,1%) et des étais en fer (+3,3%). En variation annuelle, ces coûts progressent de 4,8% et enregistrent une hausse plus marquée de 6,4% en moyenne sur l'année.
3. Augmentation des coûts de la main-d'œuvre
La tendance haussière des coûts de la main-d'œuvre (+1,3% au quatrième trimestre 2024) s'explique par l'augmentation des rémunérations des différents corps de métiers :
Manœuvres (+2,5%)
Peintres (+2,2%)
Carreleurs (+2,0%)
Maçons (+1,2%)
En comparaison annuelle, ces coûts s'apprécient de 4,4% et enregistrent une hausse de 4,8% sur l'année.
4. Fluctuations des prix des matériaux de construction
Les matériaux de construction connaissent des variations diverses selon leur nature :
Matériaux pour l'étanchéité : hausse de 1,7% due à la majoration du prix du feutre de bitume (+2,4%). Toutefois, en comparaison annuelle, une baisse de 0,1% est notée.
Matériaux pour travaux d'électricité : augmentation de 1,3% au dernier trimestre 2024, portée par la hausse des prix des câbles VGV (+2,6%) et des tubes orange (+1,3%). En variation annuelle, ces matériaux se bonifient de 4,5%.
Matériaux de base : progression de 0,8% sur le trimestre, due au renchérissement du fer à béton (+3,5%) et des graviers (+0,2%). Cependant, le prix du ciment ordinaire diminue de 0,3%. Sur un an, les prix chutent de 2,2%.
Matériaux de plomberie et sanitaire : baisse de 0,6% trimestriellement, principalement due à la réduction du prix des tuyaux en plastique (-1,7%). En comparaison annuelle, les prix diminuent de 1,5%.
Peintures : recul de 0,6% sur le trimestre, avec une baisse de 0,9% pour la peinture à eau. Toutefois, la hausse de la peinture à la chaux (+2,8%) a limité cette diminution. En glissement annuel, les prix se contractent de 1,6%.
Revêtement des murs et sols : baisse de 0,6% trimestriellement, notamment en raison du recul des prix des carreaux pour mur (-1,7%). Comparativement à 2023, ils diminuent de 0,4%.
Matériaux de menuiserie : repli de 0,3% par rapport au trimestre précédent, expliqué par la baisse des prix de la menuiserie métallique (-0,4%) et bois (-0,3%). En comparaison annuelle, les prix se contractent de 1,8%.
Effets sur les logements neufs à usage d’habitation
Dans le marché sénégalais, ces fluctuations ont des répercussions notables sur les logements neufs. L’augmentation du coût de la main-d’œuvre et de certains matériaux de base peut entraîner une hausse des prix de vente des logements, impactant ainsi l’accessibilité pour les primo-accédants. Toutefois, la baisse des prix de certains matériaux comme les peintures et les matériaux de plomberie peut offrir une marge de manœuvre aux promoteurs pour maintenir des coûts compétitifs. Cette situation pourrait également favoriser l'essor des logements économiques et sociaux, avec une optimisation des choix de matériaux et de main-d’œuvre pour limiter les coûts de production.
Conséquences pour l'accès au logement en 2025
L'évolution des coûts de construction en 2024 aura un impact direct sur l'accès au logement en 2025. Avec la hausse des prix des logements neufs due à l’augmentation des coûts de la main-d'œuvre et des matériaux de base, les ménages à revenus moyens et faibles pourraient rencontrer davantage de difficultés pour financer un achat immobilier. En parallèle, les programmes de logements sociaux comme celui dit des 100.000 logements pourraient être revus à la hausse pour répondre à la demande croissante. Les promoteurs et investisseurs devront adapter leurs stratégies en privilégiant des solutions de construction plus économiques et en recherchant des aides financières ou des incitations fiscales pour maintenir la dynamique du marché immobilier sénégalais.
Impact sur le marché locatif
L'augmentation des coûts de construction et des prix des logements neufs pourrait avoir un effet de report sur le marché locatif. Face à des prix d'achat en hausse, de nombreux ménages pourraient se tourner vers la location, entraînant une augmentation de la demande locative, notamment dans les grandes villes comme Dakar et sa banlieue. Cette pression pourrait provoquer une hausse des loyers, rendant l’accès à un logement locatif plus difficile pour les ménages à revenus modestes. Par ailleurs, les propriétaires bailleurs pourraient être incités à réviser leurs loyers à la hausse pour compenser les coûts d'entretien et d'amélioration de leurs biens, dans un contexte de renchérissement des matériaux et de la main-d’œuvre. Cette situation pourrait renforcer la nécessité de régulations et d'incitations pour préserver l’équilibre du marché locatif sénégalais.
L’analyse des coûts de la construction en 2024 met en lumière une tendance générale de stabilisation, avec des hausses ciblées sur certains segments, notamment la main-d'œuvre et la location du matériel. En revanche, les matériaux de construction connaissent une érosion de leurs prix sur l’année, notamment en raison de la baisse du coût de certains éléments de base comme le ciment et les peintures. Cette dynamique pourrait avoir un impact significatif sur le secteur de la construction, influençant les coûts des projets immobiliers et la stratégie des acteurs du marché.
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