Qu’il s’agisse de se laisser séduire par le seul nom d’une peinture ou de renoncer à faire un essai sur un pan de murs, voici tout ce qu’il ne faut pas faire, d’après les experts d’AD Pro.
Peinture : les erreurs de couleur à éviter
En matière de décoration d'intérieur, si vous ne faites pas d'erreurs, c'est que vous ne prenez pas suffisamment de risques. Lorsque quelque chose ne va pas – qu'il s'agisse de commander la mauvaise finition d'une couleur ou de ne pas produire suffisamment de couleur personnalisée – l'important est de savoir comment réagir.
AD PRO s'est entretenu avec des architectes d'intérieur et des spécialistes de la couleur aux quatre coins des États-Unis. Découvrez leurs pires erreurs en matière de couleurs et leurs meilleurs conseils pour trouver la bonne nuance de peinture.
Prévoir à l’avance
« Je suis obsédée par l'idée de tester les couleurs de peinture avant de m'engager, commence la spécialiste des couleurs Eve Ashcraft. Cela permet d'éviter des désastres potentiels. » L’architecte d’intérieur AD100 Young Huh, utilise sa maison comme terrain d’essai : « Votre propre maison est l'endroit idéal pour expérimenter sans vous attirer les foudres d'un client », dit-elle. Au moins, si ça tourne mal, le client en colère ce sera juste vous.
Prendre l’environnement en compte
« Une erreur fréquente des décorateurs est de ne pas tenir compte de l'environnement lorsqu'ils choisissent une couleur de peinture », explique Guillaume Coutheillas de FrenchCalifornia. Il note que dans sa ville natale de New York, par exemple, « la couleur de peinture dans une pièce est souvent influencée par les bâtiments en briques voisins, le temps qu'il fait ou la direction de la lumière ».
La quantité de lumière est bien un facteur crucial : « Vous pouvez tester un échantillon sans vous rendre compte qu'une couleur relativement claire va s'amplifier, s'accentuer ou s'assombrir, en particulier dans une pièce peu éclairée, prévient Young Huh, « mais l'inverse peut également se produire. Vous choisissez une couleur claire pour une pièce très ensoleillée, et la couleur ne s'amplifie pas du tout si elle est trop claire. Il faut avant tout savoir comment le soleil emplit l'espace ».
L’éclairage artificiel
L'éclairage artificiel pose parfois des problèmes et peut conduire à de douloureuses erreurs de couleur. Pour une petite pièce à l'écart de l'espace principal d'un appartement, Brendan Mahoney, de Prime Projects, se souvient qu'il voulait « créer une enclave plus intime en choisissant des couleurs de peinture plus foncées ». Mais lorsqu'une suspension s'est greffée à la pièce, « l'éclairage a rendu la différence de ton entre les deux espaces presque imperceptible ». En d'autres termes, l'agencement des couleurs a été un échec : « L'espace était toujours un succès, mais ma déclaration visuelle aurait gagné à être plus audacieuse », regrette-t-il.
Que se passe-t-il lorsque les luminaires eux-mêmes n'apportent pas la bonne couleur ? « Il arrive que l'on se dise : “Oh mon Dieu, j'ai commandé la mauvaise lumière”, dit-elle en riant. Nous nous sommes tous retrouvés dans cette situation, dit-elle, et c'est à nous d'aider le client à le sortir de cette impasse. »
Vérifier les échantillons de peinture
« Il faut toujours commencer par voir un échantillon de couleur », conseille Ernst van ter Beek, directeur du design chez Future Simple Studio : « Si vous allez au Maroc, vous voudrez bien sûr recouvrir votre salle de bains en plâtre tadelakt. Je n'ai pas peur de peindre mes murs dans des couleurs qui sortent de l'ordinaire, mais le tadelakt dure toute une vie », ce qui signifie que si vous ne choisissez pas la bonne couleur, vous risquez d'en payer le prix.
Ernst Van ter Beek a appris cette leçon à ses dépens : « J'ai opté pour un beige beurre très subtil avec des carreaux vert olive délavés pour un look chic et rétro. Seules deux personnes à New York sont spécialisées dans cette technique, et une seule était disponible. » Il se souvient qu'il manquait de temps de faire des essais : « En règle générale, on choisit deux tons plus clairs que celui désiré », dit-il, mais il s'est vite rendu compte que cette règle ne s'appliquait pas à tous les cas de figure. « Quand le spécialiste a commencé à appliquer la couleur, elle semblait un peu plus foncée [que prévu]. “Ne vous inquiétez pas, ça va s'éclaircir en séchant’, a-t-il dit. Cela n'a pas été le cas. L'ambiance de la salle de bains a tourné à la soupe aux pois. »
À l'inverse, Brendan Mahoney suggère d'opter pour l'obscurité : « Faites tout votre possible pour reproduire les couleurs de peinture sur place, conseille-t-il, mais si ce n'est pas possible, il n'y a pas de mal à opter pour plusieurs tons plus foncés que prévu. »
Moins, c’est plus… plus, c’est trop
Bien avant Barbie et l'engouement actuel pour les espaces monochromes, Komal Kehar, de Mira Projects, se souvient : « J'ai peint ma chambre dans des couleurs roses très saturées. » Jusqu'à ce ce que le rêve tourne au cauchemar. « Si c'était à refaire, je choisirais des roses plus doux », voire pas de rose du tout : « Le lavande est très apaisant. Je penserais même probablement à la chaux. La façon dont la lumière joue avec cette texture douce est vraiment agréable. »
Si la couleur ne convient pas, Eve Ashcraft conseille en fait d'essayer de s'y tenir. « Pour ma part, si une couleur me semble un peu décalée ou ne correspond pas à ce que j'attendais, j'essaie de trouver un moyen de la faire fonctionner en ajoutant d'autres couleurs à la pièce, que ce soit en peignant les boiseries, le plafond, les sols ou les objets, ou avec les meubles. »
Ne pas se laisser séduire par un nom
« Il y a des années, raconte Ken Fulk, dans la toute première maison que nous avons achetée, j'ai décidé de peindre le hall d'entrée en Golden Retriever. » Les peintres sont arrivés et il est parti au bureau. « À mon retour, j'ai découvert que les murs ressemblaient davantage à du caramel rance qu'à nos chiens bien-aimés. Cela m'a appris à ne jamais me laisser séduire par les noms ronflants des coloris de peinture. »
Parler avant qu’il ne soit trop tard
« L'une de mes plus grandes erreurs a été de supposer que les peintres savaient ce qu'ils faisaient et qu'ils feraient tout comme je le voulais. » Bien qu'Eve Ashcraft admire beaucoup les artisans, elle trouve les enjeux trop importants pour rester passive pendant l'action, d'autant plus qu'une peinture mal appliquée peut ruiner une pièce. Pour les décorateurs qui ne veulent pas se retrousser les manches, il faut se préparer à relever le défi de la communication : « J'ai appris à discuter d'abord pour ne pas avoir de surprises plus tard », conclut la décoratrice.
Par Jesse Dorris
Article initialement publié sur AD Pro.
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