Économie & Immobilier : Pourquoi les loyers restent élevés à Dakar malgré la conjoncture ?
- Babacar Diallo
- 5 nov.
- 2 min de lecture

À Dakar, le coût des loyers reste élevé et pèse sur le budget des ménages, même quand d’autres indicateurs macroéconomiques montrent une stabilisation ou une croissance modérée. Comprendre les raisons structurelles et conjoncturelles de cette situation aide propriétaires, locataires et décideurs à mieux approcher le défi du logement dans la capitale sénégalaise.
1. Pourquoi les loyers restent élevés à Dakar, une offre insuffisante face à une demande concentrée
Pourquoi les loyers restent élevés à Dakar s’explique en partie par la forte concentration des emplois formels, des organisations internationales, des entreprises et des services publics dans la capitale. Cette centralisation crée une demande continue pour des logements de qualité, alors que l’offre neuve — surtout en logements intermédiaires et abordables — reste limitée. Les enquêtes locales montrent qu’une grande part du parc immobilier est destinée à la location et que l’offre peine à suivre la demande croissante.
2. Hausse des prix de l’immobilier et rendement attractif pour les propriétaires
Les prix de l’immobilier à Dakar ont progressé fortement ces dernières années, entraînant des loyers plus élevés (effet capitalisation et volonté des propriétaires de préserver la rentabilité). Dans plusieurs quartiers centraux et résidentiels, les loyers et les prix au m² ont augmenté significativement, ce qui pousse aussi les nouveaux biens locatifs à s’aligner sur ces niveaux.
3. Coûts de construction et inflation des matériaux
Les coûts de construction (matériaux importés, main-d’œuvre qualifiée, transport) ont connu des hausses récurrentes, rendant la production de logements neufs plus coûteuse et réduisant l’offre de programmes abordables. Le surcoût se répercute sur le prix de vente et sur le niveau des loyers exigés par les investisseurs pour assurer leurs marges.
4. Rôle de la diaspora, des investisseurs et de la demande haut de gamme
Les transferts de la diaspora, l’arrivée d’investisseurs privés et la demande pour des logements haut de gamme (villas, résidences sécurisées pour expatriés) créent une bulle de demande solvable sur certains segments. Cela pousse les prix moyens à la hausse et réduit la part des logements véritablement accessibles pour la majorité.
5. Contraintes financières et accès limité au crédit logement
L’accès au crédit immobilier est encore restreint pour une large frange de la population (marges, garanties, conditions bancaires). Sans solutions de financement de long terme accessibles, beaucoup se tournent vers la location plutôt que l’achat, maintenant ainsi la pression sur le marché locatif.
6. Spéculation foncière, rareté du foncier urbain et segmentation du marché
La disponibilité limitée des terrains constructibles à Dakar et la spéculation foncière sur les emplacements prisés encouragent la construction pour rentabilité élevée (logements premium, bureaux) plutôt que pour des logements abordables. La segmentation du marché signifie que l’on construit là où la rentabilité est la plus forte, pas forcément où les besoins sociaux sont les plus criants.
Conclusion — Quelles pistes d’action ?
Développer des incitations pour la construction de logements intermédiaires et abordables (PPP, quotas sociaux dans les programmes neufs).
Faciliter l’accès au crédit logement (produits longs, garanties publiques partagées).
Mieux réguler l’offre locative (contrats types, transparence) pour protéger locataires sans décourager l’investissement. Ces mesures combinées peuvent, progressivement, alléger la pression sur les loyers à Dakar. Dans le prochain article de la série, j’analyserai les solutions de financement innovantes pour rendre l’accès à la propriété plus réaliste au Sénégal — à suivre.








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